Si parfois nous voulions
troquer quelque chose avec ces gens, ils venaient au rivage sur quelques cailloux,
où la mer brisait avec le plus de violence, et, tandis que nous nous tenions
debout dans la barque, ils nous envoyaient au moyen d'une corde ce qu'ils
acceptaient de nous donner, tout en criant sans cesse que nous ne nous approchions
pas de la terre; nous leur donnions immédiatement des objets en échange, mais
ils n'acceptaient que des couteaux, des hameçons et des lames de métal. Aucune
prévenance n'avait de prise sur eux; quand ils n'avaient plus rien à échanger,
ces hommes, pendant que nous nous éloignions, se livraient à tous les gestes
de mépris et d'impudeur que peuvent faire de brutales créatures comme de montrer
leurs culs, en riant. Nous sommes à 43 degrés 2/3. Malgré leur opposition,
nous pénétrâmes à deux ou trois lieues dans l'intérieur au nombre de XXV hommes
armés. Lorsque nous touchions le rivage, ils décochaient des flèches en poussant
de très grands cris, puis ils s'enfuyaient dans les bois. Nous n'avons reconnu
en cette contrée aucune ressource de quelque importance, sinon d'immenses
forêts, et quelques collines pouvant receler des métaux, car nous avons vu
des patenôtres de cuivre pendant aux oreilles de beaucoup.