Après
la tempête subie dans les eaux septentrionales, Roi Sérénissime, je n'ai pas
écrit à Votre Majesté ce qui s'en était suivi pour les quatre navires qu'Elle
avait envoyés sur l'Océan à la découverte de terres nouvelles. J'ai pensé qu'Elle
aurait été déjà informée de tout : comment l'impétuosité des vents nous contraignit
à revenir en Bretagne avec seulement la Normande et la Dauphine avariées. Votre
sérénissime Majesté aura appris aussi qu'après les y avoir fait réparer et armer
en guerre nous avons fait route devant les côtes d'Espagne, et que notre nouveau
plan fut de poursuivre seulement avec la Dauphine la navigation initialement
prévue. De retour de celle-ci, je dirai à votre Majesté" ce que nous avons trouvé.
( De Madère au Nouveau Monde ) Nous partîmes du rocher désolé proche
de l'île de Madère qui appartient au Sérénissime Roi de Portugal avec ladite
Dauphine, le XVIIème jour de janvier passé au début de 1524, forts de 50 hommes,
pourvus de vivres, armes et autres engins de guerre et de munitions de mer,
pour huit mois, nous naviguions vers le Zéphir, avec une douce et suave brise
de Subsolain .En XXV jours, nous couvrîmes huit cent lieues. Le XXIIII février,
vers la 16ème heure, nous avons traversé une tourmente comme que jamais homme
de mer n'en a endurée. Nous en sommes sortis grâce au secours divin et à la
qualité du navire, prédestiné par son nom glorieux et un sort favorable à supporter
la violence des ondes. Nous avons poursuivi notre navigation en droiture vers
l'Ouest, en appuyant un peu vers le Nord. Dans les XXV jours suivants, nous
avons couru plus de 400 lieues. Alors se présenta une terre nouvelle que nul,
antique ou moderne, n'avait jamais vue.
Giovanni
Verrazano rend compte à François Ier de son expédition en Amérique du
Nord. Relation du voyage de la Dauphine en 1524 Extraits du manuscrit
"Cèllere" ( John Pierpont Morgan Library New York, ms MA 776) |