( Bas-fonds, la terre des "mauvaises gens" ) Après nous être approvisionnés en toutes sortes de choses nécessaires, le 6 mai, nous avons quitté, nous avons quitté ce port en longeant la côte, sans jamais perdre la terre de vue. Nous naviguâmes cent cinquante lieues, sur ce parcours, nous trouvâmes des syrtes étendues depuis le continent jusqu'à 50 lieues en mer, sur lesquelles il n'y avait pas seulement 3 pieds d'eau, ce qui constituait un grand péril pour y naviguer. Nous passâmes avec difficulté et désignâmes ( ces bas-fonds) Armellini. Nous observions constamment le même paysage, quelquefois plus élevé avec quelques montagnes, apparemment riches en produits minéraux, et un promontoire élevé que nous avons appelé Pallavicino. Nous ne fîmes aucune relâche, car un temps magnifique favorisait notre navigation le long de la côte. Nous pensions que la population était semblable à celles que nous avions vues. Le rivage courait vers l'est. Sur un espace de cinquante lieues, tirant davantage vers le nord, nous trouvâmes une haute terre couverte de forêts très épaisses composées de sapins, de pins maritimes, et autres essences des régions froides. Les gens étaient tout différents des précédents; autant ces derniers avaient de gentilles manières, autant ceux-ci étaient cruels et vicieux, d'une telle barbarie que, malgré nos signaux, nous ne parvînmes jamais à avoir quelque relation amicale avec eux. Ils sont vêtus de peaux d'ours, de loups-cerviers marins et d'autres animaux. Leur nourriture, pour ce que nous avons pu en connaître en allant plusieurs fois dans leurs habitations, nous a semblé composée de venaison, de poissons et de certains fruits qui sont des sortes de racines que la terre produit d'elle-même. Ils n'ont pas de légumes et nous n'avons aperçu aucune trace de culture, et le sol, en raison de sa stérilité, ne paraît apte à produire ni fruit ni grain.
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