Vu aussi l'ordonnance de prise de corps rendue par le tribunal assemblé‚ contre ledit Mallet et le procès verbal de la remise de sa personne en la maison d'arrêt du District de Dieppe comme maison de JUstice du département et la déclaration du jury de jugement faite individuellement … haute et intelligible voix en l'audience publique du tribunal, portant qu'il est constant que le 2 germinal plusieurs citoyens étant à déjeuner chez le citoyen Bance, cultivateur à Lintôt, on a tenu des propos tendant à l'avilissement et à la destruction du Gouvernement Révolutionnaire et Républicain et à établir un pouvoir attentatoire à la Souveraineté du Peuple, le tribunal, "en disant -si j'étais dans la commune de Dieppe le jour où l'on y guillotinerait quelques conspirateurs, il se ferait foutre dedans parce qu'il ne pourrait s'empêcher de parler qu'il monterait même sur l'échafaud et jetterait tout à bas ne pouvant pas même voir guillotiner ses frères", ajoutant " je ne croirai jamais d'autres lois que celle dans laquelle j'ai été élevé et si tout le monde pensait comme moi, la loi serait bientôt renversée", François Mallet est convaincu d'avoir tenu ces propos et il les a tenus dans des intentions criminelles et contre révolutionnaires. Le tribunal, après avoir entendu l'accusateur public sur l'application de la loi, jugeant en dernier ressort et sans recours à la la voie de la cassation, condamne François Mallet, âgé de trente ans, tisserand natif de Lintôt, canton de Longueville, district de Dieppe, demeurant à Lintôt, à la peine de mort, conformément à la loi du 4 décembre 1792 (vieux style), et à celle du 23 ventôse dont il a été fait lecture, lesquelles sont aussi conformes à la loi du 4 décembre. La Convention Nationale décrête que quiconque proposerait ou tenterait d'établir la royauté ou tout autre pouvoir attentatoire à la souveraineté du peuple, sous quelque dénomination que ce soit, sera puni de mort. Loi du 23 ventôse, la résistance au gouvernement révolutionnaire et républicain dont la Convention Nationale est le centre est un attentat contre la liberté publique. Quiconque s'en sera rendu coupable, quiconque tentera par quelqu’acte que ce soit de l’avilir, de le détruire ou de l’entraver sera puni de mort. Déclare les biens dudit François Mallet acquis et confisqués au profit de la République, conformément à l’article deux du titre deux de la loi du 10 mars mil sept cent quatre-vingt treize vieux style, lequel est ainsi conçu et dont il a fait lecture “Les biens de tous ceux qui seront condamnés à la peine de mort seront acquis à la république, il sera pourvu à la subsistance des veuves et enfants s’ils n’ont pas de biens ailleurs”. Ordonne qu’à la diligence de l’accusateur public le présent jugement sera dans vingt-quatre heures exécuté... Exécution sur la place de la Commune de Dieppe imprimé et affiché dans toute l’étendue de la République. Fait le sixième jour de Germinal deuxième année de la République Française Une et Indivisible en l’auditoire du Tribunal séant à Dieppe étoient les citoyens Legendre, Président, Lechevallier, Duhamel et Neufville, Juges qui ont signé au plumitif Lecllerc, Accusateur Public et Paynel, Greffier. Au nom du Peuple Français Expédié au Président Paynel